Dans les gardes Françaises

I
Dans les gardes françaises
J'avais un amoureux
Fringant, chaud comme braise
Jeune, beau, vigoureux...
Mais de la Colonelle
C'est le plus scélérat ;
Pour une péronnelle
Le gueux m'a planté là.

II
Il avait, la semaine,
Deux fois du linge blanc
Et comme un capitaine
La toquante d'argent
Le fin bas écarlate
A côtes de melon
Et toujours de ma patte
Frisé comme un bichon.

III
Une petite rente
Qu'un monsieur m'avait fait,
Mon coulant, ma branlante
Tout est au berniquet ;
Il retournait mes poches
Sans me laisser un sou.
Ce n'est pas par reproche :
Mais il m'a mangé tout.

IV
De ton épée tranchante,
Perce mon tendre coeur ;
Fais périr ton amante
Ou rends-lui son bonheur.
Le passé n'est qu'un songe...
Une fichaise... un rien...
J'y passerai l'éponge
Viens... car je suis ton bien.